Le phénomène El Niño–Oscillation Australe (ENSO), alternant des phases El Niño et La Niña, est le principal mode de variabilité climatique interannuelle.
Le phénomène El Niño–Oscillation Australe (ENSO), alternant des phases El Niño et La Niña, est le principal mode de variabilité climatique interannuelle.
Issu d’interactions couplées océan–atmosphère dans le Pacifique tropical résultant en un réchauffement (El Niño) et un refroidissement (La Niña) anormal de la température de surface (SST) dans le centre et à l’est du Pacifique équatorial, ENSO influence le climat à l’échelle mondiale. Les événements ENSO présentent une grande diversité en termes de localisation du réchauffement à l’équateur, formant un continuum allant des évènements de type « Central Pacific » (CP) aux « Eastern Pacific » (EP), chacun produisant des impacts distincts.
Cette thèse évalue comment la diversité d’ENSO façonne la variabilité climatique et les extrêmes dans le centre du Pacifique Sud et en Polynésie française (PF). En premier lieu, une classification multivariée locale de la température de surface de la mer relative (RSST), des précipitations et du vent à 850 hPa, combinant données satellitaires, in situ et réanalyses atmosphériques, montre que l’intensité et la localisation du réchauffement à l’équateur associés aux épisodes ENSO gouvernent la variabilité interannuelle de la PF en été austral.
La Polynésie française se situe sur un dipôle d’anomalies de SST lors des épisodes ENSO : durant El Niño, le nord-est se réchauffe tandis que le sud-ouest se refroidit ; durant La Niña, le schéma s’inverse. Les anomalies de précipitations résultent de déplacements de la Zone de Convergence du Pacifique Sud (ZCPS) liés à ENSO et dépendent fortement du type d’évènement. Les El Niño EP extrêmes engendrent une ZCPS zonale et de fortes pluies au nord-est de la PF, tandis que les événements CP décalent la ZCPS plus modérément vers le nord-est et produisent des effets plus faibles. Durant La Niña, une ZCPS déplacée vers le sud-ouest conduit généralement à des conditions plus sèches en été austral. Ces changements modifient l’environnement dans lequel les phénomènes extrêmes se développent. L’analyse des cyclones tropicaux (TCs) passés et des variations des conditions à grande échelle associées à ENSO montre que la cyclogenèse est fortement favorisée lors des El Niño EP extrêmes. Lors des El Niño CP, les TCs se forment plus à l’ouest mais peuvent encore affecter la PF sous l’influence de vents directeurs d’est anormaux. Durant La Niña, des conditions défavorables à la cyclogenèse et des alizés renforcés réduisent l’activité cyclonique.
Ces conclusions sont corroborées par l’analyse de TCs synthétiques issus d’un générateur de TCs et de TCs simulés par des modèles atmosphériques haute résolution forcés par la SST observée (HighResMIP). Concernant les canicules marines (MHWs), une analyse des évènements passés et une analyse en bilan de chaleur effectuées dans une réanalyse océanique haute résolution mettent en évidence des mécanismes saisonniers et régionaux variés. Il est montré qu’El Niño accroît l’occurrence des MHWs au nord-est de la PF, alors que La Niña déplace leur occurrence vers le sud-ouest, avec des empreintes spatiales différentes associées aux différents types d’évènements ENSO.
Cette thèse propose une vision unifiée reliant diversité d’ENSO, position de la ZCPS et mécanismes clés des aléas climatiques en PF, et soutient ainsi la planification de l’adaptation.
Financement :
Thèse financée par l’IRD
Laboratoire :
Thèse réalisée au sein de l’UMR 241 – Santé des Services des Ecosystèmes Polynésiens (SECOPOL) à l’Université de la Polynésie française à Tahiti.
Date, lieu et retransmission de la soutenance :
Lundi 24 novembre 9h00 du matin (heure de Tahiti) à l’auditorium du Pôle recherche de l’université de la Polynésie française. La Soutenance est ouverte au public et retransmise en direct sur la chaîne Youtube de l’Université de la Polynésie Française.
Directeurs de thèse :
- IZUMO Takeshi, DR2 / IRD à l’UMR SECOPOL de l’Université de la Polynésie française, (directeur de thèse)
- CRAVATTE Sophie, DR2 / IRD à l’UMR LEGOS en Nouvelle-Calédonie, (codirecteur de thèse)
Composition du jury :
- M. BOUCHAREL Julien, CR/ IRD à l’UMR LEGOS à Toulouse, Jury
- Mme KARAMPERIDOU Christina, Professor au Département des Sciences Atmosphériques de l’Université de Hawai’i à Manoa (Hl.USA), Jury
- M. ORTEGA Pascal, Professeur au laboratoire GEPASUD de l’Université de la Polynésie française, Jury
- M. LENGAIGNE Matthieu, DR2 / IRD à l’UMR Marbec de Sète, Rapporteur
- M. MCPHADEN Michael J., Affiliate professor à l’Ecole d’océanographie de l’Université de Washington (USA), Rapporteur
- Mme CRAVATTE Sophie, DR2 / IRD à l’UMR LEGOS en Nouvelle-Calédonie, Codirecteur de thèse
- M. IZUMO Takeshi, DR2 / IRD à l’UMR SECOPOL de l’Université de la Polynésie française, Directeur de thèse

